"La Promenade, une balade dans le dépôt long du Cnap"
Du 21 mai 2016 au 19 février 2017
Xavier ANTIN, Thomas BAYRLE, Katinka BOCK, DOCUMENTATION CÉLINE DUVAL, Jimmie DURHAM, John GIORNO, Andy GOLDSWORTHY, Carsten HÖLLER, JOÃO MARIA GUSMÃO + PEDRO PAIVA, Mike KELLEY, Alison KNOWLES, Katinka LAMPE, Guillaume LEBLON, Allan MCCOLLUM, Adrien MISSIKA, Joan MITCHELL, Matt MULLICAN, Dieter ROTH, Georges Tony STOLL, Gérard TRAQUANDI, James TURRELL, Kelley WALKER
Commissariat : Sandra Patron
Grâce à la création de nouvelles réserves, le Mrac va bénéficier d’un dépôt exceptionnel d’œuvres de la collection du Fonds national d’art contemporain gérée par le Cnap. Ce dépôt long de cinq ans, exceptionnel de par son ampleur (170 œuvres déposées, soit une augmentation de 38% de la collection du musée) va permettre de découvrir des accrochages de collections plus variés, ancrés historiquement, et va permettre dès 2017 d’inviter des artistes de différents champs disciplinaires à porter un regard subjectif sur cette collection augmentée. Par ce dépôt, le Mrac rejoint ainsi une liste prestigieuse de musées français pour lesquels le Cnap a consenti à des dépôts longs, du Centre Pompidou, au Capc de Bordeaux jusqu’aux musées de Saint-Étienne ou de Grenoble.
Fruit d’une collaboration avec les équipes scientifiques du Cnap, le choix d’œuvres s’est opéré en dialogue et en intelligence avec la collection existante, fortement marquée par l’histoire artistique qui s’est développée en région, autour de Supports/Surfaces, de la Figuration Narrative et de l’abstraction géométrique. Le choix a consisté à la fois à développer la singularité de la collection du Mrac autour de la peinture et de ses enjeux, à densifier son fonds de dessins pour le cabinet d’arts graphiques mais également à combler certains écueils de la collection existante, notamment en proposant un choix plus ample d’œuvres historiques des années 1960 à 1980 ; un éventail plus large de médiums utilisés et une ouverture sur la scène internationale, prenant en compte le contexte actuel d’une création mondialisée.
L’exposition inaugurale ne présente qu’une infime partie de ce dépôt long de cinq ans, l’objectif étant que les œuvres se découvrent au fur et à mesure d’accrochages thématisés. Placée sous le signe de La Promenade (1920) de Robert Walser, l’exposition inaugurale propose une balade poétique au cœur de ce dépôt, au gré des salles dévolues à la collection. Dans La Promenade, le narrateur écrivain quitte sa table de travail pour se précipiter dans la rue, quittant donc en apparence le monde de la fantasmagorie pour le monde réel. Illusion perdue au cours de la promenade où le narrateur, d’émotions en rencontres, se rend compte qu’il n’y a rien de plus imaginaire que le jeu du réel.
À l’instar du livre de Walser, l’exposition éponyme sert de fil conducteur à des émotions, des idées et des sensations livrées au fil de la balade de l’exposition. Les artistes ont cette capacité à renouveler notre regard sur le monde et à introduire un jeu avec les fantasmes d’un ailleurs qui métamorphose le réel et notre quotidien. Le paysage traversé est également un paysage mental, qui, entre rêve et réalité, nous permet, comme le souligne Walser, « de donner de la vivacité et de maintenir les liens avec le monde ».
Au cours de cette promenade, vous croiserez un aigle échoué sur lui-même (Mike Kelley), les traces d’éléments oubliés sur une plage (Allison Knowles), d’étranges oiseaux génétiquement modifiés (Carsten Höller), pour finir peut-être le nez dans la lune (James Turrell). En porosité avec l’idée de nature, celle qui nous entoure autant que la nature de l’homme elle-même, l’exposition établit par ailleurs un dialogue complice avec la proposition de Bruno Peinado dont elle tente de partager le regard bienveillant et engagé sur le monde.