"Sans parole" et "Distorsion intime"
Per Barclay et
Ragna St. Ingadóttir
Du 12 avril au 22 juin 2008
Les deux artistes, d’origine nordique, présentent des œuvres nouvelles, spécialement conçues pour l’exposition. Les œuvres d’une rare pureté entrent en écho avec l’espace du musée.
Avec son projet intitulé "sans parole", Per Barclay propose des œuvres qui mettent en jeu des données, des préoccupations liées à l’espace et au corps. L’artiste scandinave aime travailler l’espace. Il l’anime, le module, le maîtrise. Pour le musée de Sérignan, il réalise une installation interactive inédite. Conçue spécifiquement pour l’espace d’exposition, l’installation de Per Barclay se nourrit véritablement du lieu, élément essentiel de son travail. Un fil d’Ariane métallique labyrinthique est déployé dans l’espace. Les moindres vibrations, frôlements, mouvements produits par le fil et provoqués par le spectateur sont amplifiés par un son vrombissant sortant de deux haut-parleurs, un petit, l’autre énorme. La tension du métal ne trouve son équivalent que dans la violence du son déclenché par les gestes et les déplacements des spectateurs. Le son offre un écho insondable et énigmatique mis en mouvement, comme pour évoquer le rythme du vivant. L’œuvre pose véritablement la question de l’expérience.
Parallèlement, des photographies entrent en résonance avec son installation. Des personnages aux expressions apaisées, figés dans des poses difficiles ou inscrits dans des paysages nordiques, ponctuent le parcours de l’exposition et accentuent cette mise en tension. Ces corps happent le regard et confronte ces images sculpturales de très grands formats à l’espace réel. Per Barclay, grâce à ce dialogue épuré entre installations et photographies, questionne notre rapport à la représentation. Introduisant une dimension humaine dans des œuvres à l’apparente froideur mécanique, Per Barclay affirme que « s’il cherche à exprimer des sentiments très agressifs, il souhaite aussi chercher un aspect positif qu’il trouve dans la forme ». Equilibre et tension sont les éléments essentiels pour aborder le travail sophistiqué de cet artiste. En voulant dépeindre les contradictions intérieures et les dépasser par une grande rigueur formelle, il cherche à atteindre une forme de perfection.
L’artiste Ragna St. Ingadóttir d’origine islandaise, qui a vécu en Italie et maintenant à Paris, porte avec elle, dans l’élaboration de son œuvre, les mobiles de ses déplacements : les paysages, la nature profonde de son pays natal, et la sensibilité à la matière caractérisant l’Arte Povera italien. Intitulant son projet pour Sérignan "distorsion intime", elle fait passer la relation du corps à l’art, de l’espace concret à l’univers symbolique. Dans ses œuvres, elle souligne la question originelle du corps humain qui se confronte aux normes caricaturales des règles sociales. Ses installations s’articulent sur deux plans, celui de l’espace construit et celui des rêves et des songes. On passe du mouvement à l’inerte, du chaud au froid, du charnel au minéral et de l’érotisme à la mort. Ragna St. Ingadóttir nous propose une œuvre pure et pleine de sensualité, à l’image de sa terre natale volcanique, l’Islande.
L’exposition de Per Barclay est réalisée avec le soutien de l’Office for Contemporary Art Norway et de l’Ambassade Royale de Norvège en France.