"Réfléchir la lumière"

Du 22 février au 9 mai 2019
L'Annexe

Abdelkader BENCHAMMA, Céleste BOURSIER-MOUGENOT, Raymond DEPARDON, Bernard JOISTEN, Peter KLASEN, Claude LÉVÊQUE, Stéphanie MAJORAL, Laurent PERNOT, Régis-R, TURSIC Ida & MILLE Wilfried

Lycéens-commissaires : Matthieu Julien, Baptiste Lasserre, Philippine Pelaez, Annabelle Quattrini

Quatre élèves du Lycée March Bloch de Sérignan, dans le cadre de leurs TPE (Travaux Personnels Encadrés) ont organisé l’exposition « Réfléchir la lumière ». Revêtant le rôle de commissaires d’exposition, ils ont relevé le défi de traiter le vaste sujet de la lumière dans l’art contemporain. Ils nous proposent un questionnement sur les différentes formes de lumières qui rythment notre vie, à travers le regard des artistes.

La lumière ne se résume pas à rendre les choses visibles, elle modifie notre perception en les surexposant ou au contraire en essayant de les dissimuler. Les artistes la manipulent pour susciter notre imagination, démystifier, dénoncer ou encore esthétiser une société. D’un manteau immaculé d’essence divine, à une lueur artificielle commercialisée, la lumière théâtralise le monde, en restant la condition même de toute œuvre.

Les lycéens nous entraînent dans un parcours cadencé, menant de la beauté de la lumière naturelle captée par Raymond Depardon, vers une esthétique de la lumière artificielle, tout aussi importante, incarnée par les photographies de Bernard Joisten, questionnant la modernité.
Entre lumière naturelle et incertitude pixelisée, Fenêtre #2 de Stéphanie Majoral évoque une jonction entre deux mondes. Le spectateur, plongé dans les ténèbres de son for intérieur, tente désespérément d’observer l’extérieur lumineux, posté derrière un écran flouté.
Les œuvres de Laurent Pernot ou encore de Céleste Boursier-Mougenot et Claude Lévêque nous emmènent dans un monde onirique, imaginaire, dans un univers où la lumière crée une réalité autre. Ces œuvres engagent un regard plus introspectif et soulèvent des questionnements intimes en lien avec l’enfance et la mer. Teintées de poésie, elles sauront émerveiller lors d’un instant de contemplation.
Quant à Abdelkader Benchamma, il manipule des images liées à la religion dans lesquelles émane une lumière d’ordre sacré. Il ajoute des éléments afin de nous montrer que cette lumière est finalement artificielle.
Avec Fort « R » Esse, Régis-R détourne les déchets de notre quotidien dans une installation lumineuse. Les bidons d’essence, d’huile et les bouchons en plastique de bouteilles dénoncent notre société de consommation en prenant l’apparence d’une ville. Dans cette œuvre, la lumière accentue les rebuts des hommes et les met paradoxalement en valeur.
Peter Klasen projette avec Iron Lady une lumière froide et industrielle sur une femme sensuelle.
Son regard critique sur l’utilisation du corps de la femme, nous dévoile une lumière artificielle complice de tentation et de fantasme. À l’instar de Peter Klasen, Ida Tursic et Wilfried Mille exposent des corps féminins, ceux de pin-up des années 60, un brin provocantes sans être vulgaires. À l’aide de lunettes 3D, ils modifient notre perception de leur œuvre Vintage 3D et jouent avec un apparent monochrome (Vintage II) pour mieux nous révéler ce que cache la couleur noire. À travers tous ces sujets, les lycéens souhaitent faire de la visite de leur exposition un moment de partage : « Grâce aux diverses interprétations et à la sensibilité de chacun, nous espérons créer un échange de réflexions avec les visiteurs, ouvrir un dialogue autour de l’utilisation de la lumière dans le monde contemporain et ses aspects, son rôle, sa nécessité. »

« Ce ne qui s’apprend pas c’est le sentiment de la lumière… » Nadar