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"(Dé)placements"
Daniel Otero Torres

Du 25 mars au 5 juin 2017

Commissariat : Sandra Patron

L’invitation au déplacement contenue dans le titre de son exposition au Mrac est au cœur de la pratique de cet artiste colombien installé en France : de l’image à la sculpture, d’une culture européenne à une culture sud-américaine, du réel à sa représentation, de l’original à la copie, Daniel Otero Torres ne cesse d’interroger ce qui fonde notre rapport à l’autre et comment ce regard mute et se transforme au gré des contextes sociaux, politiques et culturels.

Avec son exposition au Mrac, Daniel Otero Torres entame une recherche sur l’architecture vernaculaire en Colombie, où se développe sur les contreforts des villes des auto-constructions qui répondent à des impératifs économiques et sociaux complexes, mais résultent également d’un savoir-faire et d’une ingéniosité indéniables, permettant aux individus de développer des formes de résistance en se ressaisissant de leurs conditions de vie. À Bogota, ces bidonvilles sont appelés « Invasiones », un terme aux connotations péjoratives qui permet de mieux saisir comment ces quartiers sont considérés par les pouvoirs en place, et qui n’est pas sans rappeler une terminologie utilisée aussi bien en Europe qu’aux États-Unis pour désigner tout corps étranger comme une menace rampante.

Au centre de l’espace, un échafaudage en bambou aux proportions imposantes rappelle ces constructions traditionnelles, qui de l’Inde à la Chine, permettent aux ouvriers de construire des immeubles.Troublant contraste que celui de ces hommes qui bâtissent des immeubles en dur en travaillant sur des structures qui semblent si fragiles à nos yeux d’occidentaux. Enchâssée dans la structure, une maquette d’architecture en brique, réalisée d’après une maison abandonnée de Bogota, symbolise ces villes en mutation permanente. La maison semble littéralement envahie par la structure en bambou, offrant un retournement de point de vue quant à sa fonction initiale. De part et d’autre de cette installation, Daniel Otero Torres positionne deux chaises, de celles qui habituellement accueillent les gardiens de musée dans les salles d’exposition. Sur l’une d’entre elles, en lieu et place du traditionnel gardien, se trouve un personnage rencontré lors d’un séjour de l’artiste dans une communauté indienne en Colombie, un personnage errant qui mène une vie éloignée de toute préoccupation matérielle. Lui faire face, c’est faire face à un individu qui a délibérément fait le choix de s’extraire des logiques de nos sociétés contemporaines, mais c’est aussi porter un regard sur cette figure du gardien de musée largement ignorée. Sur l’autre chaise, une pile de cartes postales à disposition du public semble nous inviter au voyage : l’image d’un bus nommé Christophe Colomb dévoile non sans humour comment l’industrie du tourisme de masse joue avec le cliché de l’exotisme et celui des grandes découvertes. Dans ce face-à-face troublant, Daniel Otero Torres semble nous proposer une échappée, celle de positions alternatives qui refusent la fatalité d’une vie préfabriquée.

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Daniel Otero Torres « (Dé)placements », vue de l'exposition au Mrac Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée, Sérignan, 2017. Photographie Aurélien Mole Daniel Otero Torres « (Dé)placements », vue de l’exposition au Mrac Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée, Sérignan, 2017. Photographie Aurélien Mole
Daniel Otero Torres « (Dé)placements », vue de l'exposition au Mrac Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée, Sérignan, 2017. Photographie Aurélien Mole Daniel Otero Torres « (Dé)placements », vue de l’exposition au Mrac Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée, Sérignan, 2017. Photographie Aurélien Mole
Daniel Otero Torres « (Dé)placements », vue de l'exposition au Mrac Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée, Sérignan, 2017. Photographie Aurélien Mole Daniel Otero Torres « (Dé)placements », vue de l’exposition au Mrac Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée, Sérignan, 2017. Photographie Aurélien Mole