"[Fe]"
Nicolas Daubanes
Du 31 janvier au 19 avril 2014
Exposition réalisée dans le cadre du programme "Culture-Justice".
L’exposition "[Fe]", présentée à la librairie du musée, réunit des dessins de l’artiste Nicolas Daubanes (quatre) et les productions (vingt) réalisées par les personnes détenues du centre pénitentiaire de Béziers à l’occasion de son workshop.
Le Mrac, dans le cadre de ses missions de démocratisation de la culture, permet au plus grand nombre de découvrir l’art d’aujourd’hui grâce à des actions d’initiation et de sensibilisation à l’art contemporain. Il propose des activités adaptées à tous les publics et en particulier à ceux qui ne peuvent avoir accès à la culture ou en sont éloignés en raison de leur situation, soit liée à la maladie, soit à l’isolement ou à l’enfermement comme les personnes incarcérées.
Depuis 2011, le musée a initié des actions avec le centre pénitentiaire de Béziers dans le cadre du programme « Culture-Justice ». Des visites au musée pour les détenus bénéficiant de permissions de sortie et l’intervention d’artistes ont été mises en place.
Du 16 au 20 avril 2012, l’artiste Nicolas Daubanes a proposé aux personnes détenues du centre pénitentiaire de Béziers un workshop, intitulé « Paysages mémoriels ». Cet atelier a été conçu dans le cadre de son exposition « Temps mort » présentée au centre d’art Le Lait à Albi du 20 janvier au 8 avril 2012 et de l’exposition « Yves Bélorgey, Peintures sur dessins » présentée du 11 mars au 10 juin 2012 au Musée régional d’art contemporain.
Alternant recherche et pratique, l’atelier s’est articulé autour du paysage et de l’architecture : le paysage mémoire, mental ; l’approche de la notion de paysage, naturel et urbain ; l’approche de la perspective, la construction d’un espace, les points de fuite ; la cartographie, le plan ; l’architecture et l’utopie architecturale. L’atelier a permis l’exploration d’un procédé de dessin inédit. Les personnes détenues ont cherché au travers de catalogues et de photographies une image de lieu ou de paysage à exploiter.
Dans un second temps, sur plusieurs séances à l’aide de feuilles de calque, de crayons et de marqueurs ils ont procédé à un travail de dessin. L’idée était d’obtenir une image très graphique, proche d’un dessin vectoriel. Une fois le motif obtenu, ils ont réalisé un travail de découpe dans une feuille « magnétique » ensuite disposée sur une plaque de métal. Ce n’est qu’après le dépôt d’une feuille de papier blanc sur le dessin en « découpe » dans la feuille « magnétique », que peut être répartie la limaille. Cette « poudre » vient alors se plaquer uniquement sur les surfaces de papier en relation avec les parties magnétisées révélant ainsi le dessin. Une fois installé à la verticale, le spectateur ne perçoit qu’une surface de papier sur laquelle un nuage de poussière ferreuse vient dessiner un tracé, une forme. Ce nuage peut être plus ou moins épais, plus ou moins épars suivant le mode d’application. L’aimantation pose le dessin en suspension. Lorsque la feuille est séparée des aimants, ce dernier disparaît, la poudre de métal tombe en ne laissant aucune trace sur le papier, rendant par nature le dessin fragile et éphémère.
Nicolas Daubanes investit des questions essentielles comme la vie, la mort, la condition humaine et les formes sociales qui les façonnent. Dans ses derniers travaux, la vitesse, la fragilité, la porosité, l’aspect fantomal des images et des matières, transmettent la pression du passé au croisement de ce qui va advenir. Son travail s’inscrit dans la durée, il dessine un chemin. De ses premières réalisations à celles d’aujourd’hui une évolution certaine s’est formée, une trajectoire qui tend vers la recherche de la liberté, du dégagement de la contrainte. Il tâche d’expérimenter l’intensité et la rigueur, joue avec le danger, mental, visuel, physique, pour renforcer l’énergie créatrice et en transmettre la force.